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Un été au Bazaar dédié à la ville recyclée 

­Ancienne gare de 5 000 mètres carrés réhabilitée au-coeur de Lille, le Bazaar St So - ouvert en 2020 - crée pour la première fois une saison estivale et invite habitant·e·s, professionnel·le·s, enfants, étudiant·e·s, touristes à explorer la ville : recyclée.

En s'appuyant sur et nourri par sa communauté de résidents, le Bazaar St So présente, dans le cadre de la saison d'Été : Jachères d'Usus et Fructus — collectif lauréat du programme Mondes nouveaux explorant notre compréhension critique de l'espace par la culture, les sciences et les médias et La ville tourne en rond ? du WAAO — centre d’architecture et d’urbanisme de Lille conçu comme un pavillon au-coeur du lieu pour faire parler la ville, l’architecture et le paysage avec ceux qui l’expérimentent au quotidien.

Explorer comment "faire la ville sur la ville"

Et si la ville était animée par un cycle, lui permettant de s'autoréguler, de se régénérer, à l’image du cycle de la vie ? 

La notion de ville circulaire exprime l'idée qu’elle puisse se construire sur elle-même, à partir des ressources existantes. Pourtant, la ville semble aussi tourner en rond, renouvelant depuis de nombreuses années les mêmes pratiques anthropocentrées et productivistes. La fabrique de la ville tend à produire toujours plus, et cela malgré une prise de conscience accrue de l’état d’urgence de notre planète.
 

En France, sont artificialisés entre 20 000 et 30 000 hectares par an - soit 4 fois plus vite que la hausse de la population, en parallèle de l’épuisement exponetiel des ressources naturelles de la planète. Les villes, et en particulier l’industrie et le secteur du bâtiment, sont pointés du doigt. Comment faire pour que cette prise de conscience bascule vers un véritable changement de paradigme ? ll devient impératif de faire preuve de créativité et de sobriété pour "faire la ville sur la ville" au lieu de s'étaler sur les terres agricoles. 

Aujourd’hui, la ville doit se réinventer autour du réemploi et du recyclage afin de mettre fin à l’étalement urbain. Il existe différentes manières de transmettre cette nécessité de “faire la ville sur la ville” : densification, re-végétalisation, aménagement des friches, réhabilitation, chantiers participatifs, upcycling, recyclage des matériaux, …

Jachères : interroger la friche urbaine, en marge pour reconsidérer l’idée du laid dans la ville

Curatée par Justinien Tribillon, Jachères est une installation / expérience à vivre - résultat exploratoire de quatre résidences artistiques qui interroge la friche urbaine et péri-urbaine, au travers de l’image, du son, du design et de l’architecture paysagère. 

Les friches sont des espaces laissées pour compte. Comme toutes les marges de notre société, elles agissent comme des miroirs qui reflètent notre passé, notre présent, et peut-être nos futurs.

En avril et en mai derniers, Jachères s’est installé sur la Môle 1, à l’entrée du port industriel de Dunkerque. Curateur·ice·s, artistes, architectes, urbanistes, habitant·e·s se sont interrogé·e·s collectivement : Qu’est-ce que l’abandon ? Le sale ? Le désordre ? Pourquoi nommer « invasives » certaines espèces de plantes ou d’animaux qui peuplent les friches ? Comment mettre en valeur les friches sans détruire leur identité ? Leur âme ? 

Paysage d’une grande complexité et constamment changeant, le port créé des friches qui sont témoins des grandes réorganisations industrielles du pays et du monde (rôle de l’aciérie, du pétrole et des énergies fossiles). C’est un lien entre l’infiniment long des profondeurs de la terre, et la rapidité d’une entreprise qui se réorganise et délocalise. Ce sont dans ces espaces modifiés par l’Humain, puis abandonnés, que les espèces invasives se trouvent le mieux. Elles s’épanouissent dans nos « ruines de la fin du monde », comme l’écrit l’anthropologue Anna Tsing.

Fin du monde ou mondes nouveaux ? Ces friches nous rappellent l'écroulement parfois brutal de ce qui faisait notre passé : délocalisation d'une usine, abandon d'une gare, arrêt de toute une industrie. Ces « hétérotopies » comme les nommait Michel Foucault, espaces liminaux, reclus et marginalisés, regorgent d'exemples de renaissances, micro et macrocosmiques, parmi les ruines de l'ancien monde.

Dans le cadre d'Un été au Bazaar, Jachères invite les visiteurs à reconsidérer l’idée du laid dans la ville, elle change le regard de celles et ceux qui veulent bien s’y attarder.  Ces plantes qui poussent entre les anfractuosités du béton sont des résistantes, leur détermination à survivre est belle nous disent les botanistes d’Atelier Za’atar. Une barre d’acier de vingt-cinq tonnes chargée dans la cale d’un tanker résonne comme les cloches d’une étrange église dans l’œuvre de l’artiste sonore Nadine Schütz. Les déchets collectés sont réinventés en sculpture par les designers marseillais Studiolow, interrogeant avec humour l’idée de réemploi — celui de la terre elle-même, et des objets-déchets qu’on y abandonne. 
 

Jachères est un projet d'Usus et fructus, dans le cadre du programme Mondes nouveaux et avec le soutien de la Communauté urbaine de Dunkerque. La Halle aux Sucres à Dunkerque a accueilli une première présentation publique, en mai et en juin, après une présence au-sein de l'exposition Mondes nouveaux X Beaux-Arts de Paris, en avril dernier.

La ville tourne en rond ? : partager les modes de (ré)emploi

Imaginée par le WAAO comme une série de modes de (ré)emploi à la portée de tou·te·s, La ville tourne en rond ? est une exposition inédite qui présente le ré-emploi sous différents prismes : les matériaux, les espaces, la nature, les bâtiments, les usages, les filières… 

Chaque notice vise à décoder des méthodes et pratiques, identifier des constats et points bloquants et y répondre par plus de 50 initiatives concrètes illustrées de témoignages, maquettes, photos, vidéos, artefacts.

Ces modes de ré-emploi ne sont pas “exhaustifs” mais “exhausteurs”. Ils cherchent à révéler le sensible, à susciter la curiosité, à dépasser les idées reçues, à toucher du doigt les habitus de ceux qui font et habitent nos villes, leurs manières d’appréhender les espaces, leurs visions du territoire. Ils mettent en pratique l’idée que pour faire la ville de demain, il est nécessaire de réparer celle qui existe déjà.

7 modes de ré-emploi sont explorés : Réconcilier ville et nature / Recycler les friches / Réemployer les matériaux / Préserver le patrimoine / Adapter les bâtiments existants / Intensifier les usages / Accompagner les filières du réemploi.

La ville tourne en rond ? est le fruit d’un travail coopératif avec une centaine d’aménageurs, habitant·e·s, institutions, associations, artisans, entreprises, architectes, paysagistes, designers et urbanistes —  sous le marrainage de Christine Leconte, présidente du Conseil National de l'Ordre des Architectes. Elle témoigne ainsi de l’énergie collective et enthousiaste de toutes ces personnes rencontrées et qui initient des projets de réemploi au quotidien.

L’exposition présente les projets, oeuvres et contributions de : APC Eau - Collectif 15 Alors - CD2E - Emmanuel Denis - EtNisi - Jachères - Omnibus - Polygraphik - Pousses d’Artisan Urbanis - Rives Nord - Vélowomon -Therry Girard - ADULM - L’Ass des As - Atelier Amélie Fontaine - Béal & Blanckaert architectes - Bureau faceB - Bazaar-St-So - Berkem Label - BLAU - City Mix - Clément Berton - Collectif scientifique LIKOTO - Denis Planque - D’houndt et Bajar Architectes - EPF HDF - Fabrique des Quartiers - Ferme du Trichon - ExpliCités - Junia Hei - Habiter 2030 - HBAAT - L’Association Ouvrière des Compagnons du devoir et du Tour de France - Les Blongios - Mathieu Marty - Myral - NeoEco - Oasis des Lauriers - Sam-Banchet Architectes - SEED - SEM VR - StudioRijsel - TAG - Tandem+ - Ramery - Reempro - RedCat Architecture - ZERM - 9.81.

Dans le prolongement de l'exposition, le WAAO a initié, depuis 2020 : un festival de cabanes en ville avec Cabanes sur l’île. Chaque année, le WAAO fait appel à des jeunes collectifs d'architectes, urbanistes et paysagistes pour réaliser des interventions éphémères dans la ville autour de la thématique de la cabane, conçue en matériaux de réemploi, avec les habitants des quartiers.

Une aventure au long cours qui aborde la question de l’utilisation des matériaux de réemploi : leur performances structurelles, leur disponibilités, leur stockage… Une expérience - chaque année renouvelée - qui permet de de réaliser les difficultés d’occupation de l’espace public : dialogue avec les communes, validation de la commission sécurité et acceptation du projet. La temporalité éphémère pousse les candidat·e·s à identifier les besoins des habitant·e·s vivant dans les quartiers d’implantation des cabanes et à produire une installation qui correspond aux usages du quartier.

Un été au Bazaar pour questionner, rassembler et faire demain ensemble

Dans le cadre d'Un Été au Bazaar, rien n’est laissé au hasard par l'équipe et les partenaires du Bazaar St So - dans une logique de circularité - du contenu à la scénographie déployée. Lieu singulier car atypique et résolument créatif, le Bazaar St So rassemble et fédère, chaque jour : 306 résidents à travers 125 structures. À travers cette 1ère saison estivale déployée, s'expriment la diversité & la pluralité des métiers, des regards et des compétences additionnées à l'année, au-sein du lieu.

Pour La ville tourne en rond ? ont été co-écrits l’ensemble des textes, en collaboration notamment avec les résidents, contributeur·trice·s. La production de la scénographie respecte les principes de l’exposition : ont été récupérés modules et matériaux déjà utilisés, adaptés, transformés et réinterprétés. Laissant apparaître les traces de leurs usages passés, à la manière d’un palimpseste. 

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